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Nées il y a une quarantaine d’années au Québec, les coopératives funéraires sont des nouvelles formes d’entreprises de pompes funèbres. Elles ont commencé à voir le jour dans plusieurs villes de France comme Nantes, Bordeaux, Rennes, et bientôt Angers, Nancy, Dijon, Valence et Strasbourg. Au cœur de leurs préoccupations : le développement durable, la transparence et la juste information envers les familles, pour des funérailles éthiques et écologiques, à des prix justes. 

 

Valentine Ruff est membre de l’association « Maintenant, l’Après… », qui pilote le projet de coopérative sur la ville de Strasbourg. Pour elle, il est important de revoir la manière dont on aménage les cimetières : « Je comprends qu’on aille de moins en moins dans les cimetières, ce ne sont plus des lieux de mémoire, de partage, et c’est peut-être justement parce qu’ils deviennent moches. »

 

Avec les membres de l’association, elle a organisé des visites pour permettre au plus grand nombre de mieux connaître les différentes installations, et redonner l’envie de s’y rendre : « On a eu un succès fou, on a même été un peu débordés d’ailleurs », précise-t-elle.

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Avec la création de la coopérative, les membres de « Maintenant, l’Après… », souhaitent proposer des alternatives concrètes comme les tombes végétalisées. Valentine Ruff cite l’exemple des rosiers ou des bulbes qui reviennent chaque année : « Rien ne nous force à avoir quelque chose en dur, déjà ça coûte très cher : quand on a une addition de 6 000 euros pour des obsèques, il y a déjà 3 000 euros de marbrerie, mais en plus ça permettrait d’avoir des cimetières plus avenants. Le végétal ça donne un sentiment de repos et de simplicité, plus il y en aura, plus les gens auront envie de venir. »

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Pour mettre en œuvre ces idées, l’association compte faire appel à une entreprise d’insertion locale, « Les jardins de la montagne verte », qui propose déjà l’entretien de tombes, et avec laquelle elle souhaiterait également créer des cercueils en palettes recyclées. Elle prévoit aussi de favoriser l’approvisionnement de fleurs françaises, plutôt que celles importées d’Afrique. 

 

En essayant de combiner matériaux et emplois locaux, Valentine Ruff et ses collègues espèrent réussir à montrer qu’il y a une autre façon d’envisager les obsèques : « Notre idée n’est pas d’imposer quoique ce soit aux gens, mais de les amener vers la compréhension de ce qu’il est possible de faire jusqu’à sa dernière demeure, lorsqu’on a des préoccupations liées à l’environnement. »

 

Pour Marie-Rose Jehl-Kopff, également membre de l’association, c’est une façon de ramener du choix dans le secteur du funéraire : « Ce qui me semble important, c’est de dire aux gens : “Voilà la palette de choses qui existent, et là-dedans vous pouvez choisir, avec cette conscience écolo”, qu’ils puissent se rendre compte qu’il y a une ouverture possible ».

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Marbrerie en pièces, dans le cimetière du Nord de Reims.

© Allo la mort, ici la Terre

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© Allo la mort,

ici la Terre

Pour Manon Moncoq, doctorante en anthropologie à l’Université de Tours, les coopératives funéraires s’affirment de plus en plus, dans une volonté de réinstaurer du choix, en opposition aux grands groupes de pompes funèbres. « La mort est tellement importante qu’on a besoin de choix, et par la normalisation des pratiques, et le peu de choix que la loi autorise, les coopératives viennent développer l’offre, et on peut créer quelque chose qui nous correspond », explique-t-elle.

Mais selon elle, les personnes qui décèdent aujourd’hui, en majorité à un âge assez avancé, sont peut-être moins sensibles à cette tendance de funérailles écologiques. « Je pense que le plus important pour elles [les coopératives, ndlr], c’est de diversifier l’offre, de dire “on existe, c’est possible de faire différemment”, et pour les personnes intéressées aujourd’hui, qui décéderont dans dix ou quinze ans, elles seront là », précise la doctorante.

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